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  • Confort thermique des murs en parpaings

Le confort, la thermie, le chauffage, sujets divers et souvent regroupés sous une seule et unique rubrique et donc avec un seul et unique objectif : comment maintenir le volume intérieur à une température déterminée, stabilisée, sans consommer trop d’énergie.

Ces considérations ne sont pas prépondérantes pour l’appréciation de confort. Elles concernent plus l’économie et la non consommation d’énergie ainsi que la réduction des émissions de Gaz à effet de Serre (GES), ce qui est déjà bien mais, à nos yeux, insuffisant.

Au fil de cet article nous allons aborder les contraintes et avantages de ces matériaux de gros œuvre que sont le béton, les parpaings ou les briques alvéolées, comment tirer partie de leurs qualités et se prémunir de leurs limites.

Nous avons déjà abordé le sujet du confort au fil de plusieurs articles, nous y avons développé les points importants de ressenti de confort ou d’inconfort, les spécificités de la plupart des matériaux utilisables dans le bâtiment, ils sont réunis en un même thème dans le document récapitulatif de notre activité l’année écoulée : “coup d’œil dans le rétroviseur”. Nous les mettrons en lien au fil de cet article sujet par sujet.

Préalable

Il est effarant de constater le nombre incroyable de conseils “donnés” par des vendeurs, pas toujours compétents au demeurant, sur les travaux qu’il faudrait réaliser et les produits qui seraient les plus appropriés, sans avoir visité le bâtiment sur lequel les travaux seront réalisés, le tout depuis le coin d’un comptoir de négoce ou Grande Surface de Bricolage.
Heureusement il se trouve encore, ici ou là, des sachants derrière ces comptoirs, malheureusement ils ne sont pas légion.

Nous ne pouvons que conseiller d’écouter les conseils de vrais sachants et de se faire accompagner par de vrais professionnels aguerris.

Malgré tout ce que l’auto-construction ou auto-transformation peut apporter en tant que bonheur de réaliser soi-même ou d’économies potentielles, nous conseillons l’accompagnement depuis l’étude préalable jusqu’à la réalisation, ces accompagnements représentent un coût mais peuvent aussi éviter bien des déboires.

Un adage populaire dit “ tu sais ce que te coûte l’accompagnement d’un compétent professionnel, tu n’imagines pas combien peut te coûter le conseil d’un incompétent.”

Bien que les bâtiments objets de cet article soient assez bien normés, qu’ils aient été édifiés ou seront édifiés, quasiment toujours selon les mêmes principes, il est nécessaire de demeurer vigilant.

Qualités et limites intrinsèques des maisons édifiées avec ces types de murs

Esthétique

Ces techniques d’élévation des murs se sont étendues dès la fin de la 1ère guerre mondiale et ont connu un envol, au point de devenir les quasi-seules modes constructifs pratiqués après la seconde guerre mondiale, 1948 pouvant être considéré comme l’année où elles sont devenues hégémoniques.

Certaines de ces maisons sont devenues des témoins de leur temps, des marqueurs architecturaux mais, il faut bien le reconnaître, beaucoup d’entre elles ne passeront pas à la postérité. Ceci ne les empêche pas d’avoir fait le bonheur de leurs occupants successifs.

Cependant, hormis pour quelques unes, les transformer, adapter, reprendre architecturalement serait plutôt un service à leur rendre.

Ecologie

Leurs matériaux de base ne peuvent pas être classés dans les techniques “écologiques”. Même pour les briques, il n’est pas possible de taire l’énergie nécessaire à leur cuisson et donc un bilan carbone et énergie grise assez pénalisant. Par contre, elles sont facilement recyclables.

Le béton armé banché, peu pratiqué pour la maison individuelle, et son dérivé, le parpaingnécessitent aussi beaucoup d’énergie pour la cuisson du ciment. Les autres composants, en sus du liant qu’est le ciment Portland, sont le sable et le gravier. Pour le gravier, a priori il n’y a pas de problème d’approvisionnement. Le sable, quant à lui, est probablement la matière qui, après l’eau potable, va le plus nous manquer, rapidement …

Le recyclage de ces matériaux est possible mais il entraîne une dégradation dans l’emploi. En effet ils sont déjà un composite et leurs dosages, particulièrement pour les ouvrages les plus anciens, sont assez aléatoires, ce qui augmente la difficulté pour classer les graviers après concassage et répondre aux normes actuelles de composition des bétons.

De plus, rares sont les bétons non associés à d’autre éléments collés, tels que des crépis, du plâtre ou autre.

De ce fait, les éléments concassés sont généralement destinés à des emplois moins nobles, tels que la réalisation d’empierrement pour des voies de circulation. Néanmoins, et c’est déjà une bonne chose, ils sont recyclables et de plus en plus souvent recyclés.

Remontées capillaires

Ces maisons y sont très peu sensibles car les bétons au ciment Portland, s’ils ne sont pas totalement étanches, sont quand même très peu capillaires.

Perméance

La perméance de ces parois n’est pas exceptionnelle mais cependant elle n’est pas aussi catastrophique que ce que certains de leurs opposants le claironnent.

De plus ils voient souvent leurs capacités, déjà faibles, encore réduites par des crépis très étanchéifiants.

Ponts thermiques

Si les bâtisses ainsi édifiées disposent de plusieurs étages, dans l’immense majorité des cas les planchers intermédiaires seront constitués de dalles, soit en béton plein, soit selon la technique dite “à poutrelles et hourdis”.

En cas d’avancée de type balcon ou terrasse, c’est souvent la même dalle qui en continu, de l’intérieur à l’extérieur, traverse les murs.

Jusqu’à l’utilisation généralisée des rupteurs de pont thermique, les calories avaient beau jeu, compte tenu des capacités thermiques de ces matériaux, de passer d’un côté à l’autre, l’hiver, fuir de l’intérieur vers l’extérieur et l’été, pénétrer de l’extérieur vers l’intérieur.

La situation s’est améliorée depuis la fin des années 2000, disons pour être plus précis, à partir de l’avènement de la RT 2012. Cependant, pour rester honnête, il n’affichent pas le même niveau de performance qu’un véritable isolant mis en œuvre en continu.

Déphasage

Les briques alvéolaires (classiques, non “monomurs”) présentent de très bonnes capacités en terme de déphasage et suffisent, à elles seules, à assurer un déphasage de plus de 10 heures (pour une épaisseur équivalente ou supérieure à 200 mm).

Il n’en va pas de même pour le béton au ciment Portland ou les parpaings. Bien que correct, s’il n’est pas complété par l’apport d’un autre élément, il n’atteindra pas les 10 heures qui nous semblent le minimum acceptable.

Inertie

Ils sont également dotés d’un peu d’inertie mais leur densité est très variable selon qu’il s’agit de murs massifs (béton banché) ou à alvéoles (parpaings, briques alvéolées de terre cuite).

Dans tous les cas, leur épaisseur faible (20 cm) les empêche d’accumuler beaucoup d’énergie.

Cependant, le volume de matériau lourd de l’ensemble de la maison apporte déjà de belles capacités dans ce domaine, particulièrement si elle intègre un mur de refend dans le même matériau.

En résumé

Ce type de murs ne présente pas d’extraordinaires capacités, dans aucun des domaines, hormis celui de ne pas laisser les remontées capillaires progresser dans les parois.

Nous allons voire, ci-après, ce que, d’après nous, il conviendrait de faire afin de tirer le meilleur parti de ces murs.

Que faire pour améliorer le confort et les consommations d’énergie de ce type de bâtisses ?

Le béton banché, les parpaings et les briques alvéolaires présentent de bonnes à très bonnes capacités d’inertie, de très mauvaises capacités d’isolation thermique, un déphasage de moyen à médiocre et une effusivité qui n’est pas bonne (capacité à rayonner et, ainsi, l’hiver, nous permettre un gain de calories très intéressant pour le ressenti thermique) (voir notre tableau dédié)

Il serait dommage de ne pas tirer parti de leurs avantages. A contrario, il faut contrer leurs carences en ajoutant, par d’autres apports, ce qu’ils ne nous proposent pas eux-mêmes. Il faut cependant le faire en veillant à ne pas nuire à leurs qualités intrinsèques.

Isolation

Il est bon de rappeler une évidence, peu connue ou, à tort, contredite : ce n’est pas l’isolation qui, directement, amène au confort. L’isolation permet d’atteindre une température donnée et de s’y maintenir en consommant le moins possible, donc à moindre coût.

Ceci permet aussi, en diminuant les besoins, de limiter les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES).

C’est la première des limites des types de parois objets de cet article qu’il va falloir traiter, en les isolant.

Les Bureaux d’Etudes (BE) ont identifié ce besoin de longue date, les industriels aussi.

Qui a influencé l’autre : est-ce les BE qui, constatant cette carence, ont fait part de ce qu’il faudrait faire ou est-ce les industriels qui, ayant mis au point des produits, ont cherché à en prouver la pertinence ?

Peu importe qui, de la poule ou de l’œuf a généré l’autre, nous avons besoin d’œufs et nous les avons, c’est parfait !

Reste à déterminer ce qu’on en fait : omelette ou œuf à la coque ? Isolation Thermique par l’Intérieur (ITI) ou Isolation Thermique par l’Extérieur (ITE)?

Isolation par l’intérieur

Nous avons, en France, opéré majoritairement avec cette technique (quand nous disons “majoritairement”, nous devrions plutôt écrire “exclusivement”).

Cette méthode présente l’avantage de pouvoir être pratiquée par tous temps et à l’abri, donc hors aléas climatiques et saisonniers, 2 avantages considérables qui ont permis d’isoler à moindre coût.

Mais le coût est-il seul à avoir été moindre ? NON !

Le premier des inconvénients est qu’ainsi nous nous sommes départis d’une des qualités du béton : l’inertie.

Autre inconvénient, facilement maîtrisable mais qui, malheureusement, par défaut d’une bonne mise en œuvre, ne l’a été que très rarement : la régulation du transit de la vapeur d’eau.

Cette problématique a déjà été abordée de nombreuses fois ici, au fil de plusieurs articles. Jusqu’à l’arrivée de la RT 2012, cette contrainte de la maîtrise de la perméance a été très mal abordée, voire pas du tout prise en compte.

Pour qu’une ITI soit efficace, il est impératif de gérer la perméance de la paroi en y laissant entrer, depuis la partie chaude, donc depuis le volume habitable, que 20% de ce que la paroi, sur sa face extérieure, est en capacité de laisser sortir.

Nous verrons ci-après comment il faut opérer (§ Gestion de la vapeur d’eau).

Cette technique de l’ITI ne permet pas de couper les ponts thermiques des éventuelles dalles et élimine les capacités d’inertie.

Dans le cadre d’une maison à construire,

Rappelons que nous déconseillons cette technique de construction à murs en béton ou dérivés.

Cependant au cas où, malgré tout, cette technique est retenue, il serait dommage, au vu des inconvénients développés ci-avant, d’opérer en isolant ainsi.

Pour une maison en cours ou en projet, à murs en béton, les isoler par l’extérieur.

Dans le cadre d’une maison déjà existante

L’ITI est encore une option intéressante .

Dans le cadre d’un ré-agencement, les interventions depuis l’intérieur sont généralement moins coûteuses, elles se font “au fil de l’eau” et évitent l’ouverture d’un chantier supplémentaire en façade. D’autres avantages font qu’il ne faut pas, d’emblée, éliminer cette option.

Isolation par l’extérieur

C’est ce qu’ont retenu nos voisins allemands pour ce qui est des maisons en béton (technique assez peu répandue outre-Rhin). Ont-ils raison ?

Cette technique d’isolation permet de maîtriser les ponts thermiques engendrés par les dalles des niveaux successifs (à la condition, entre autres, que des balcons ou autres terrasses ne soient pas réalisés via des dalles traversant les murs … ou que ces dalles soient coupées).

Elle permet également de conserver à l’intérieur des bâtis l’intégralité des capacités d’inertie des parois et tous les avantages qui en découlent, à commencer par la stabilisation de la température.

Par contre, si l’isolation du toit n’est pas menée en même temps et réalisée par le dessus des murs, jusqu’à rejoindre l’ITE des murs, le pont thermique constitué par leur montée jusqu’en sous face de la couverture ne sera pas traité.

Nous conseillons bien sûr de choisir des isolants d’origine végétale.

Si, malgré tout, le choix de l’isolant se porte sur des mousses isolantes, compte tenu de leur perspirance très mauvaise, il est impératif de coupler cette isolation avec un vrai système de renouvellement d’air, pas simplement un extracteur, encore moins la simple ouverture des menuiseries. Ces sujets de la gestion de la vapeur d’eau et de son extraction ont déjà été traités ici.

Dans le cadre d’une construction nouvelle

Si la maison n’est pas encore construite et si la technique constructive avec des murs en béton banché, parpaings ou briques alvéolaires est retenu, il n’y a, pour nous, pas à hésiter : c’est cette technique d’isolation par l’extérieur qui doit être retenue.

Dans le cadre d’une maison déjà existante

Cette solution permet de conserver l’inertie des murs, au moins en partie et fonction d’une ITI pré-existante.

Comme dans le cadre d’une maison neuve, les ponts thermiques d’éventuelles dalles d’étage seront éradiqués … à plusieurs conditions !

La toute première de ces conditions consistant à couper toute dalle ou partie de dalle traversant les murs (balcons, terrasses …) et les reconstruire ultérieurement en les désolidarisant des murs.

Il sera souvent nécessaire de rallonger les avant-toits ou d’en créer dans le cas de couvertures s’arrêtant à l’aplomb des murs en question.

Correction de l’effusivité des murs

Pour améliorer sensiblement le confort de ce type de maison, il faut améliorer les capacités de leurs murs.

Ils ont, naturellement, de bonnes capacités d’inertie, mais pour en tirer partie, il faut les faire monter en température afin que, une fois “gorgés” de calories, ils rayonnent à haut niveau.

Pour qu’une paroi rayonne alors même qu’elle n’est pas chauffée au-delà de la température de l’air ambiant, il faut la doter de matériaux à bonnes capacités d’effusivité.

Nous conseillons alors de les doter de parements intérieurs tels que, par exemple, du bois ou des enduits allégés, à base de chaux et chènevotte.

Gestion de la vapeur d’eau

Il faut toujours être vigilant avec la teneur en eau de l’air ambiant, pour tous types d’habitats. Alors, lorsque la perspirance de leurs murs est de qualité moyenne (parpaings avec crépi au ciment Portland ou enduit monocouche avec de la résine) il y a lieu de l’être encore plus !

Il faut toujours veiller à ne laisser transiter dans le parement intérieur que 20% de ce que la paroi est en capacité d’évacuer vers l’extérieur. Ceci peut être assuré par un  pare-vapeur adapté aux conditions de construction et d’exploitation.

Conclusion

Les parois décrites dans cet article concernent un très grand nombre de constructions, entre autres l’immense majorité de ce qui a été construit au cours des 70 dernières années.

Maisons neuves

Ces murs ne présentent de réels intérêts au plan confort que du fait de leurs capacités d’inertie. C’est une des raisons pour lesquelles nous les déconseillons pour construire des maisons neuves.

Maisons anciennes

Il ne s’agit pas de détruire tout ce qui existe mais “faire avec”, tirer parti de ce qui est bien et améliorer les points faibles.

Les isoler par l’intérieur est et demeure une bonne option.

Les isoler par l’extérieur n’est pas aussi simple que ce que certains disent, tout au moins si tous les points délicats sont correctement traités (balcons, terrasses, acrotères, débords des pièces d’appui des menuiseries, position des menuiseries, descentes des eaux de pluies, avant-toits …).

Cet article n’a pas pour objectif de répondre à tous les cas personnels, car chaque cas est spécifique et demande une analyse personnalisée. Nous vous incitons vivement à prendre conseil auprès de professionnels.

Merci à Clément Jamin pour ses apports.

 Crédit photo couverture : Hands off my tags! Michael Gaida – Pixabay

Claude Lefrançois


Après 30 ans dans le bâtiment, ancien charpentier, ancien constructeur, ancien maître d’œuvre, formateur dans le bâtiment, expert en analyse des bâtis anciens avant travaux, auteur de nombreux articles et d’un livre “Maison écologique : construire ou rénover” aux Ed. Terre vivante, auteur de 2 ebooks disponibles sur mon blog, je suis désormais retraité.
Je mets mon temps disponible et ma liberté d’expression à votre service : j’observe et j’analyse, au besoin je dénonce ou émet des idées.
Bonne lecture.

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