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  • Isolation thermique… Jusqu’où aller raisonnablement ?

L’isolation est un thème extrêmement important dans l’habitat écologique et source de nombre d’erreurs et d’incompréhensions, c’est pourquoi cette semaine, j’aborde à nouveau ce sujet, mais sous un autre angle, isoler, oui, mais jusqu’à quel point est-ce raisonnable ? Comment déterminer l’épaisseur de l’isolant ? Nous cherchons à atteindre une valeur cible prédéterminée, la valeur R, qui correspond à la résistance thermique espérée, et l’épaisseur divisée par le lambda nous donne le R. Mais jusqu’à quel point le R doit-il être élevé ?

Les gains réels d’efficacité 

Faisons travailler nos méninges ! Prenons un exemple avec l’utilisation d’un isolant classique doté d’un lambda de 0,040. Voici le principe : avec un R de 0,5, et une paroi qui perd 100 calories, nous traitons 8% des fuites avec le premier centimètre, donc nous évitons les fuites de 8 calories et les fuites résiduelles sont de 92%. Ajoutons un deuxième centimètre pour atteindre un R de 0,5. La paroi perd 92 calories. Avec ce nouveau centimètre, nous économisons 8% supplémentaires, ce qui nous permet d’obtenir un résiduel de fuites de 84 calories. Nous avons donc traité 15% des fuites avec ces deux premiers centimètres et les quinze premiers centimètres permettent de lutter contre 75% des fuites

De plus, si l’on compare le pourcentage des calories économisées par R supplémentaires, on s’aperçoit qu’avec un R de 1 on élimine 28% des fuites et avec un R de 10, 96% mais la première unité de R permet de gagner 28% des fuites alors que la dernière unité permet seulement d’économiser 1,41% des fuites. Au vu de ces résultats, est-il alors pertinent de toujours surenréchir ? Avec ces surépaisseurs, au-delà d’un R de 6, nous consommons inutilement des ressources et de l’énergie qui manqueront inévitablement aux générations futures. Les émissions de gaz à effet de serre émises, du fait de la construction de cet isolant et de sa mise en œuvre, sont trop importantes par rapport à l’économie réalisée via une moindre consommation de chauffage. Nous devons absolument être sages et revenir dans la pertinence.

Que faire pour être pertinent ?

Il me semble évident que nous devons cesser la course au R et miser sur les autres qualités des isolants, comme la chaleur spécifique, la densité et les capacités en sorption et désorption. Trois qualités qui ont une influence considérable sur le confort.Nous devons également limiter les interventions sur les murs, puisqu’ici les fuites sont relativement limitées. Les massifs anciens ayant une effusivité intéressante, je préconise un R de 1,5 à 2,5 et de prendre en compte les remontées capillaires et la vapeur d’eau. Les murs récents présentent, eux, moins de densité et moins d’effusivité; un R de 2,5 suffit.

Nous devons cesser de nous couper des apports du sol et nous contenter d’isoler uniquement si notre installation est un chauffage au sol.

Je préconise aussi grandement d’agir au niveau du toit. En effet, non seulement il est directement exposé au rayonnement solaire l’été, mais il est aussi exposé les nuits aux effets radiatifs du cosmos. En quelques mots, le froid attire le chaud, or le cosmos étant très froid, énormément de calories vont fuire par le toit. Or, rien ne nous apporte, initialement, de la chaleur spécifique ou de la densité de mise en œuvre. Il faut donc miser sur ces critères pour stabiliser la température. 

Enfin, vous devez judicieusement choisir votre isolant, en préférant ceux d’origine végétale. Si ce n’est pas votre choix, vous devrez tout de même rester sur un R de 6 (réduction de 80% des fuites d’origine) mais compenser avec d’autres éléments, notamment les parements à forte effusivité et diffusivité, source de ressenti de confort.

Vous l’aurez compris, le plus est parfois l’ennemi du mieux !

Si vous souhaitez en apprendre davantage, je vous invite à visionner ma vidéo  sur ce sujet et à consulter mon ouvrage « Maison écologique, construire ou rénover », édité chez Terre Vivante. Vous pouvez aussi télécharger mon ebook (gratuit) depuis mon blog : « Le confort »

Claude Lefrançois


Après 30 ans dans le bâtiment, ancien charpentier, ancien constructeur, ancien maître d’œuvre, formateur dans le bâtiment, expert en analyse des bâtis anciens avant travaux, auteur de nombreux articles et d’un livre “Maison écologique : construire ou rénover” aux Ed. Terre vivante, auteur de 2 ebooks disponibles sur mon blog, je suis désormais retraité.
Je mets mon temps disponible et ma liberté d’expression à votre service : j’observe et j’analyse, au besoin je dénonce ou émet des idées.
Bonne lecture.

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