Selon moi, un isolant se choisit selon les critères de sélection suivants: un bon lambda, un bon déphasage, une bonne perméance à la vapeur d’eau et un bon pouvoir hygroscopique. Au niveau environnemental, il est important de le choisir en fonction de son bilan carbone, de son bilan énergie grise et de sa recyclabilité. Enfin, au niveau sanitaire et sécuritaire, il doit présenter un bon comportement face au feu, c’est-à-dire une non transmission de la chaleur en cas d’incendie et ne pas émaner de vapeurs toxiques en cas de combustion ou de pyrolyse. 

Selon leur origine, un isolant peut être classé dans trois grandes familles; il peut être d’origine végétale, minérale et pétrochimique. Dans cet article, nous allons passer en revue les isolants à privilégier selon leur destination ainsi que les différentes techniques de mise en œuvre selon les contraintes rencontrées. 

Les combles perdus

Parlons tout d’abord des combles perdus. Il est important de toujours préférer un isolant en vrac et bien entendu d’enlever l’ancien isolant. Mon premier choix se porte sur le vrac d’origine végétale avec en tête la ouate de cellulose, puis la laine de bois en vrac, la laine de coton et la fibre de chanvre.

L’isolation de toit ou de mur depuis l’intérieur

Cette méthode d’isolation implique des finitions lourdes; la reprise de l’ensemble des parements intérieurs, refixer les étagères, les radiateurs, les appareillages électriques, les plinthes, s’occuper de la décoration. En revanche, à l’occasion d’une construction ou d’une rénovation très importante, l’isolation par l’intérieur peut trouver tout son sens. Si vous réalisez ces travaux vous-même, tenez-vous-en aux panneaux ou rouleaux, plus simples à maîtriser. je vous recommande la laine de bois, la laine de lin, la laine de chanvre, la laine de coton, la ouate de cellulose en panneaux ou le liège en plaques. Si vous faites appel à un professionnel formé et compétent, la ouate de cellulose, la laine de bois ou le liège insufflé sont très performants, stables, et assurent une bonne continuité dans le manteau isolant. La ouate de cellulose à projetée humide est une excellente solution mais nécessite une grande maîtrise de l’opérateur. 

L’isolation en toiture depuis l’extérieur 

Cette technique nécessite de déposer la couverture et de couvrir ensuite avec des bâches. Une première méthode consiste à isoler dans l’épaisseur des chevrons, lesquels, dans le cadre d’une rénovation, devront être le plus souvent rehaussés afin d’offrir l’épaisseur requise pour l’isolation. Si vous réalisez les travaux vous-même, utilisez des panneaux d’origine végétale de préférence : laine de bois, de lin, de chanvre, de coton, de ouate de cellulose ou même de la paille. Pour les professionnels aguerris, de préférence si les abords ne sont pas encore trop aménagés et si le toit n’est pas trop pentu, la ouate projetée humide offre une belle alternative, mais attention aux contraintes météo et à la difficulté de nettoyage du chantier.Dans tous les cas, il faut ensuite poser un pare-pluie directement sur l’isolant, puis les contre-lattes, les liteaux à tuiles et enfin remettre en place la couverture. Plutôt que d’isoler entre chevrons, il est possible de poser l’isolant sur le parement et disposer ensuite tout un complexe qui reprendra la couverture. L’isolant se retrouve donc en compression entre le parement inférieur qui fera office de support et les contre-lattes sous la couverture. Il s’agit de la méthode du SARKING. Il faut bien sûr utiliser des isolants en panneaux rigides, résistants à la compression, idéalement de la laine de bois compressible ou du liège en panneaux. 

Isoler des murs par l’extérieur

Pour isoler des murs par l’extérieur, il est possible de fixer des plaques d’isolants rigides contre les murs, plaques qui recevront directement le crépis final. Je vous recommande la laine de bois haute densité. Il est également possible de fixer des lambourdes au mur afin de créer des caissons de l’épaisseur du volume, remplis avec un isolant en panneaux ou rouleaux (laine de bois, de lin, chanvre, ouate, coton ou autres, toujours d’origine végétale). Les panneaux ou rouleaux entre lambourdes peuvent être remplacés par de la ouate de cellulose ou de la laine de bois en vrac, insufflée sous pression, en vertical, derrière le pare-pluie qui aura été posé préalablement. Toujours entre lambourdes, il est possible d’utiliser de la ouate de cellulose projetée humide, une technique à réserver à des professionnels formés. Pour obtenir une efficacité globale optimale, les menuiseries doivent être posées à l’extérieur du mur, avant l’isolation, laquelle doit venir en englober le dormant.

Le tour d’horizon serait incomplet sans les panneaux en polystyrène. Je n’apprécie pas cette technique, entre autres à cause de sa non-perspiration et du blocage de l’humidité dans les murs. Si elle peut, à l’extrême, être admise sur des murs en béton, donc relativement étanches, elle est absolument à proscrire sur des murs en pisé, en briques, en pierre, à ossature bois, car elle sera source de graves désordres à plus ou moins long temre. Dans tous les cas, la finition de la façade pourra être réalisée aussi bien en crépis sur grillage, sur panneaux rigides, en bardage, en peinture ou comme bon vous semble. Attention à bien réaliser les pieds de murs qui seront soumis à l’humidité et au contact avec la terre. Dans la famille des isolants végétaux, une seule possibilité, le liège en panneaux, et dans les isolants pétrochimiques, du polystyrène. 

Isolation sous chape

La chaleur monte, le plancher n’est donc pas une des zones délicates à traiter. On se contentera d’une résistance thermique moins grande. Cependant, cette isolation contribuera à la performance globale et à un meilleur sentiment de confort à température donnée. De plus, si vous prévoyez un chauffage au sol, vous limiterez grandement les pertes de calories et améliorerez le rendement. L’isolant doit supporter la compression de la chape, je vous recommande le liège en panneaux qui, pour faible épaisseur, assurera une nette amélioration. Vous pouvez aussi réaliser une chape isolante avec des agrégats d’origine végétale, granules de liège, chènevotte de chanvre entre autres. En milieu humide, de la pouzzolane ou du verre cellulaire est recommandé. Dans tous les cas, vous pourrez lier à la chaux, liant sain, perspirant et moins caloporteur que le ciment. Si ces matériaux sont trop chers, il vous reste les plaques de polystyrène, sachant que le polyuréthane sera à éviter en milieu humide. 

Isoler dans un plancher

Il s’agit le plus souvent d’une recherche d’isolation phonique entre niveaux. Le taux de remplissage est primordial pour de bonnes performances. Les isolants d’origine végétale sont moins facilement traversables par des flux d’air, ce qui est prépondérant dans ce domaine. Il est possible d’opérer depuis le dessus, par soufflage à l’air libre dans l’isolant en vrac, avec une laine de cellulose ou une laine de bois. Il est également possible d’opérer avec des isolants en panneaux ou en rouleaux. Il est aussi possible d’opérer depuis le dessous, soit avec du vrac insufflé en caisson fermé, technique réservée aux professionnels formés, soit avec des panneaux ou rouleaux découpés aux dimensions des espaces à remplir. 

Les enduits intérieurs correcteurs d’effusivité

Si l’on parle parfois de crépis isolant, il faut garder à l’esprit que la résistance thermique d’un crépis épais de quelques centimètres n’est pas comparable à la résistance thermique obtenue avec 15 ou 20 cm d’isolants posés en intérieur ou en extérieur des murs. Cependant, ce parement intérieur est avantageux sur un mur en pierre, car il s’accommode très bien de l’irrégularité de ces murs. Il vous apportera une finition dans l’esprit d’une maison ancienne avec des angles sans arêtes bien droites mais plus arrondies. Surtout, il sera en accord avec votre mur en le laissant perspirer. Ce type d’enduit n’est pas à proprement parler un isolant, du fait de sa moindre conductivité que le mur d’origine, il ralentit la migration des calories et améliore ainsi l’effusivité du mur. Ceci permet à la paroi en question de gagner quelques degrés en température de surface et donc de mieux rayonner. Le résultat est un gain indéniable en confort. Je vous recommande un béton de chanvre et chaux ou un enduit terre. Ainsi, vous respecterez votre mur et lui assurerez une longue vie.

Pour tout isolant en contact avec une source importante de chaleur, tel qu’un conduit chaud ou un point lumineux, il vous faudra n’utiliser que des matériaux dits ininflammables tels que la vermiculite, la perlite ou la laine de roche. Ce tour d’horizon ne se veut pas exhaustif, il fait la part belle aux isolants d’origine végétale, ce qui ne signifie pas que les autres sont mauvais, simplement, les isolants d’origine végétale présentent, selon moi, les meilleures performances. 

Si vous souhaitez en apprendre davantage, je vous invite à visionner ma vidéo  sur ce sujet et à consulter mon ouvrage « Maison écologique, construire ou rénover », édité chez Terre Vivante. Vous pouvez aussi télécharger mon ebook (gratuit) depuis mon blog : « Le confort »

Claude Lefrançois


Après 30 ans dans le bâtiment, ancien charpentier, ancien constructeur, ancien maître d’œuvre, formateur dans le bâtiment, expert en analyse des bâtis anciens avant travaux, auteur de nombreux articles et d’un livre “Maison écologique : construire ou rénover” aux Ed. Terre vivante, auteur de 2 ebooks disponibles sur mon blog, je suis désormais retraité.
Je mets mon temps disponible et ma liberté d’expression à votre service : j’observe et j’analyse, au besoin je dénonce ou émet des idées.
Bonne lecture.

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