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  • Une fixation pour isolant en ITE

Un système de fixation novateur qui permettrait de fixer des panneaux isolants, quelqu’en soit l’épaisseur, sans pont thermique et sans déformation du panneau et sans risque de spectre d’une cheville ou d’une vis. C’est la StarTrack de Baumit. Pour le moins alléchant… Alors voyons cette nouveauté de plus près.

(Selon un article publié dans la rubrique “Construire durable selon Batimat”)

L’aspect novateur

Il semble qu’effectivement ce soit assez nouveau, dont acte. Quelles en sont les utilisations possibles ?

Dans quels cas ?

Il s’agit, et c’est dit d’emblée, de fixer des panneaux polystyrène pour une isolation par l’extérieur. C’est  donc un ensemble de fixation qui correspond à un matériau isolant très particulier.

Il n’est absolument adapté à une isolation extérieure avec un matériau bio-sourcé type panneau de laine bois par exemple.

Nous tenons à préciser ici que le fait de parler de ces différents systèmes ne vaut pas, de notre part, une quelconque validation de leur pertinence, tenue, durée de tenue ou autres performances supposées ou réelles.

Cependant, depuis longtemps de nombreux installateurs collent leurs panneaux de mousses isolante directement contre le support, alors opèrent-ils hors DTU ou règles de l’art ? Y a-t-il un gain de quelque chose avec cette StarTrack de Baumit ?

Pour en savoir un peu plus sur la spécificité de cet équipement, il faut chercher un peu sur le site du fabricant : principe d’ancrage.

Ce système a été développé pour coller des panneaux sur des supports … qui eux-même ne tiennent pas très bien (crépis friables, anciens panneaux isolants posés antérieurement en ITE,…).

Ainsi, il est possible de fixer les panneaux isolants en les reliant directement au mur porteur.

Indéniablement, c’est un plus … si vous souhaitez isoler avec des panneaux polystyrène sur un support douteux. Ça réduit considérablement ses possibilités de diffusion.

Capacités

Toujours sur le site Baumit, à la page spécifique de la StarTrak, on découvre l’existence de 4 chevilles différentes, chacune avec son emploi spécifique : deux modèles à visser, deux modèles à frapper.

Les modèles à visser sont adaptés pour aller chercher le mur solide dans le cas où celui-ci serait d’une nature de granulats légers (béton cellulaire par exemple) au travers d’un enduit (max 5 mm) ou de panneaux légers (max 40 mm).

Les modèles à frapper sont adaptés à aller chercher “le dur” du mur porteur constitué d’agrégats classiques, comprenons béton au ciment Portland, au travers de matériaux là aussi légers, des enduits minces (max 5mm) à des panneaux d’épaisseur maximale de 40 mm.

Nous en déduisons qu’en présence d’un parement d’origine de plus de 40 mm, ces systèmes ne sont plus suffisants.Il faudra alors revenir à des principes anciens courants : fixation par rosace et cheville au travers de l’isolant rapporté.

A noter que le fabricant Baumit propose ces solutions que nous qualifierons de conventionnelles, soit avec des rosaces et chevilles à frapper, soit avec rosace et cheville à visser.

Il faut reconnaître que le spectre d’emploi devient de plus en plus étroit, mais malgré tout ces chevilles nous semblent pertinentes.

Pertinence d’isoler

Vu la volonté légitime de nos compatriotes de disposer d’un habitat le plus confortable possible, vu leur volonté de ne pas se ruiner dans des coûts de chauffage prohibitifs, vu l’état courant du parc immobilier français au plan des performances thermiques, il semble normal, même louable de proposer des solutions d’isolation.

L’isolation de parois verticales, car c’est bien ce dont il s’agit ici, peut se réaliser depuis l’intérieur, Isolation Thermique par l’Intérieur (ITI), ou depuis l’extérieur, Isolation Thermique par l’Extérieur (ITE).

Dans le cadre de l’isolation de maisons individuelles, le choix pourra s’opérer selon divers critères liés à l’état de la maison, à des travaux divers envisagés ou non, les deux options sont possibles. Aucune n’est parfaite, elles ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients.

En ce qui concerne l’isolation d’immeubles, qu’ils soient d’habitation, tertiaires ou commerciaux, il n’est plus guère possible de parler de choix, mais pour de multiples raisons, l’ITE s’impose.

Avec quoi isoler

Nous précisons ici que nous n’allons pas, dans les lignes qui suivent, classer les isolants par leur pertinence globale : leur performance isolantes en terme de conductivité (lambda), de déphasage; leur impact environnemental en terme d’émission de Gaz à effet de Serre, leur bilan carbone; leur pérennité; leur recyclabilité; leur perméance à la vapeur d’eau; leur innocuité au plan sanitaire; leur sécurité face aux incendies …

Nous nous appuyons sur des vidéos qui passent en revue ces divers aspects, commises par nos soins : “Isolants, leurs qualités, leurs limites”, “Critères de choix d’un isolant”, “Quel isolant choisir ?” ainsi qu’un dernier, non pas spécifiquement dédié aux isolants mais aux incendies domestiques.
Précisons que le fait d’ignifuger un matériau ne le rend pas inoffensif au titre de ses émanations en cas d’exposition à de la chaleur tel qu’expliqué sur ce document du CNRS : Produits de dégradation thermique des matières plastiques.

Il nous semble important de rappeler que le choix d’un isolant extérieur, compte tenu d’incendies récents, tant chez nous qu’à l’étranger, doit être fait avec beaucoup de prudence, en intégrant également les données sécuritaires minimales. Nous vous conseillons un ouvrage de référence : “L’isolation thermique écologique” des auteurs JP OLIVA et S COURGET, aux Ed. Terre vivante.

Il est possible de classer les isolants selon 3 familles :

  • les isolants d’origine minérale, dont sa star, la laine de verre, que nous avons récemment analysée ici, également la laine de roche,
  • les isolants d’origine pétrochimique, le polystyrène, que nous avons analysé récemment ici, et polyuréthane
  • les isolants d’origine végétale, laines de bois, lin, chanvre, coton, le liège, la paille, la ouate de cellulose …

Selon nos critères, les isolants les plus pertinents sont ceux d’origine végétale.

Pour aller jusqu’au bout de nos convictions, largement développées dans les articles rappelés ci-dessus et dans les vidéos conseillées, nous considérons même non pertinent d’isoler avec du polystyrène.

Sans développer mais pour rappeler les raisons profondes de nos affirmations, particulièrement eu égard avec la notion de durable, nous citerons en tout premier le fait que cet isolant est fabriqué à base de pétrole, ressource fossile dont il devient de plus en plus évident que si nous ne voulons pas atteindre un point de non retour et terme de dérèglement climatique qu’il faut le laisser là où il est : dans le sous-sol.

Il n’est que très faiblement perspirant, ce qui n’est pas très grave dans le cas de constructions en béton au ciment Portland, mais est un réel handicap pour des bâtis anciens à murs en pierre, pisé, torchis, briques ou tous autres matériaux perspirants.Vous l’avez compris, nous ne classons pas le polystyrène parmi les matériaux pertinents en terme de renouvelable, bien au contraire.

Conclusion :

Ce système de fixation d’un isolant polystyrène dans le cadre d’une ITE est vraiment novateur. Si on accepte son contexte global d’utilisation, il permet des gains de productivité et d’aspect visuel final.

Par contre son spectre d’utilisation est vraiment limité et il n’est adapté qu’à la mise en œuvre d’un matériau non renouvelable, difficilement recyclable, polluant du fait de sa composition et de sa fabrication, consommateur de ressources fossiles limitées, bref, tout sauf durable au sens du respect des besoins des générations futures.

Il ne nous semble pas mériter sa place dans la rubrique “durable” du site dédié à Batimat 2017.

Claude Lefrançois


Après 30 ans dans le bâtiment, ancien charpentier, ancien constructeur, ancien maître d’œuvre, formateur dans le bâtiment, expert en analyse des bâtis anciens avant travaux, auteur de nombreux articles et d’un livre “Maison écologique : construire ou rénover” aux Ed. Terre vivante, auteur de 2 ebooks disponibles sur mon blog, je suis désormais retraité.
Je mets mon temps disponible et ma liberté d’expression à votre service : j’observe et j’analyse, au besoin je dénonce ou émet des idées.
Bonne lecture.

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