Le déphasage est une notion peu connue et pourtant importante. Il s’agit de l’épaisseur divisée par la célérité (la vitesse de diffusion de la chaleur au travers d’une paroi). Les matériaux disposent de trois variables; la capacité thermique massique, le lambda qui correspond à la conductivité thermique, ce sont les fuites, et la masse volumique appelée ρ ou rhô.

Le fonctionnement théorique sur un plan général

Prenons un exemple avec des sceaux. Lançons l’apport de calories dans le premier, quand il sera plein, il débordera dans le sceau suivant, et ainsi de suite, jusqu’à la fuite finale.

Imaginons le fonctionnement avec deux matériaux différents : 

  • Des petits sceaux, peu nombreux, avec une faible capacité de stockage, donc une faible densité et avec des tuyaux de petits diamètres présentant ainsi un faible niveau de fuites et un très bon lambda. Plus le lambda est petit, meilleur il est.
  • Des sceaux plus grands et plus nombreux, mais avec des tuyaux de plus grand diamètre, les fuites seront plus importantes, le lambda moins bon.

L’apport de calories extérieures va nous permettre de remplir petit à petit les sceaux, jusqu’à ce que ces calories s’échappent. Dans la matière (les petits sceaux), malgré de faibles fuites, les calories vont vite remplir le premier sceau et se déverser dans les autres. Les sceaux plus grands se remplissent moins vite, alors même qu’ils fuient davantage. La seconde matière compensent ces fuites importantes avec la capacité thermique importante. 

Ces deux matériaux sont assez représentatifs d’une laine de verre pour le premier et d’une laine de bois pour le second. 

  • Laine de verre : origine minérale, faible conductivité, bon lambda, capacité thermique très moyenne, masse volumique faible, déphasage médiocre
  • Laine de bois : origine végétale, conductivité correcte mais moins bonne, capacité thermique et déphasage excellent, masse volumique bonne

Quelles influences ces différences ont-elles sur nos habitations, sur notre consommation d’énergie et notre confort ?

Pour bénéficier d’un bon déphasage, un matériau doit posséder une bonne capacité thermique, une mise en œuvre de forte densité conjuguée à un bon lambda. Ces caractéristiques engendrent une plus grande quantité de calories dans la paroi, donc une meilleure stabilité de la température, gage de confort. 

C’est le premier apport du déphasage l’hiver. L’influence sur les économies d’énergie n’est pas directe, mais réelle. En effet, à confort plus grand, il est possible de chauffer moins, sans porter atteinte au bien-être dans la maison, donc de consommer moins et de dépenser moins.

C’est l’été que le déphasage donne toute sa mesure et apporte pleinement satisfaction à ceux qui en font le choix. Cependant, le déphasage atteint sa limite en période de canicule. Comparons le comportement de deux matériaux courants : la laine de verre et la laine de bois.

  • La laine de bois : lambda de 0.040. Si on isole le toit afin d’obtenir un R de 6, il en faudra 23 cm d’épais, cela n’existe pas dans le commerce, il faudra donc en mettre 24 cm, ce qui implique un déphasage un peu supérieur à 12h.
  • La laine de verre : lambda de 0.032. Pour atteindre la même valeur R, il faudra 19 cm d’épaisseur, cette épaisseur n’étant pas non plus disponible dans le commerce, il faudra en mettre 20 cm, ce qui permettra un déphasage d’environ 5h.

Selon le principe de CARNOT,  le froid attire le chaud et l’été, le jour, il fait plus chaud dehors que dedans.

Avec la laine de bois, les premières calories auront fini de traverser douze heures plus tard. La nuit arrivera alors et il fera plus froid dehors que dedans. Les calories stockées dans le toit le jour vont être évacuées, et le toit sera à nouveau opérationnel le lendemain matin. Par contre, avec la laine de verre, les calories pénétreront dans l’habitation bien plus tôt dans la journée, et ce jusqu’à la nuit, sur une durée de 5 à 6 heures. Forcément, la température intérieure montera et elle se stockera dans tous les éléments de la maison : dalles, murs, meubles. Il faudra attendre que les calories repartent, ce qui n’arrivera pas avant 1 ou 2 heures du matin.

Que faire ?

Il est possible de climatiser. Or, je considère qu’il s’agit d’une mauvaise option. En effet, entre le coût d’installation et d’exploitation sans parler de l’aberration du système consistant à faire du froid dedans alors qu’il fait chaud dehors. Vous savez maintenant que le froid attire le chaud ainsi, plus on climatise, plus il va falloir climatiser.

La meilleure option consiste à obtenir un bon déphasage, mais pour cela il convient de choisir le bon matériau ! Avec de la ouate de cellulose, il faut insuffler 25 cm, 45 cm avec de la laine de roche, 48 cm avec du polyuréthane, 65 cm avec de la laine de verre, et 68 cm avec du polystyrène !

J’espère vous avoir aidé à comprendre ce qu’est le déphasage, mais aussi son importance. J’espère qu’ainsi, vous pourrez opérer des choix judicieux.

Si vous souhaitez en apprendre davantage, je vous invite à visionner ma vidéo  sur ce sujet et à consulter mon ouvrage « Maison écologique, construire ou rénover », édité chez Terre Vivante. Vous pouvez aussi télécharger mon ebook (gratuit) depuis mon blog : « Le confort »

Claude Lefrançois


Après 30 ans dans le bâtiment, ancien charpentier, ancien constructeur, ancien maître d’œuvre, formateur dans le bâtiment, expert en analyse des bâtis anciens avant travaux, auteur de nombreux articles et d’un livre “Maison écologique : construire ou rénover” aux Ed. Terre vivante, auteur de 2 ebooks disponibles sur mon blog, je suis désormais retraité.
Je mets mon temps disponible et ma liberté d’expression à votre service : j’observe et j’analyse, au besoin je dénonce ou émet des idées.
Bonne lecture.

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