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  • Le lieu d’implantation de l’habitat : primordial

S’il est bien une chose que nous ne pourrons pas changer, c’est le lieu d’implantation de l’appartement ou de la maison que nous allons occuper, sauf, bien sûr, à déménager ! Un des critères principaux de sélection est le prix, l’enveloppe financière. Est-ce le bon critère ?

Dans cet article, nous allons nous attacher à l’option achat ou construction, donc présentant un certain caractère de stabilité dans le temps. Nous aborderons les différents volets, critères et analyses, pertinents ou non, qui président à nos choix ou, en tout cas, y participent.

Nous regarderons aussi les impacts de ces choix … à tous niveaux.

Impact environnemental

Il y a certaines réalités qu’il ne nous semble plus possible d’ignorer,tout particulièrement le dérèglement climatique dû à nos activités et décisions humaines, cette nouvelle période que certains nomment l’anthropocène.

Les ressources ont aussi leur importance. Le pic de Hubbert est souvent mis en avant pour le pétrole. En fait, cette théorie s’applique à toute ressource limitée et d’origine fossile; celles qui nécessitent des temps de renouvellement longs, en millions d’années.

La fin des ressources arrivera forcément un jour, cependant ce qui risque de faire défaut le plus rapidement, ce sont les métaux et autres ressources minérales.

Le véhicule électrique est mis en avant en tant que solution pour l’avenir des déplacements individuels, cependant il faut du cuivre pour fabriquer un moteur électrique, en tout cas en l’état actuel de la technologie. Selon diverses sources, il ne va pas tarder à nous faire défaut : 2039, soit dans environ 20 ans !

Même des ressources que nous avons cru illimitées posent dores et déjà problème, par exemple le sable pour faire du béton. Nous avons déjà largement évoqué cette hypothèse ici.

Impact lié à la mobilité

La mobilité est liée à diverses contraintes. Elle peut être imposée par la nécessité de se rendre au travail, de faire des courses, d’emmener les enfants à l’école ou les accompagner dans leurs activités extra-scolaires, de se rendre au club  de sport …

S’implanter loin de tous ces points d’attraction aura un impact très fort sur les méfaits induits.

Le travail à domicile ou le télétravail peuvent limiter les besoins de déplacement. Et la législation le permet désormais un peu plus.

Déplacements

Ils ont un impact évident du fait de la consommation d’énergie de l’engin de transport, voiture, bus ou autres.

Certes, les consommations d’énergie au km parcouru ne seront pas les mêmes avec un véhicule individuel, un transport en commun ou une bicyclette. Pour autant, il sera toujours nécessaire de fabriquer ces engins, ce qui représente aussi une consommation de ressource, entre autres de métaux, mais aussi d’énergie pour les fabriquer.
Même pour faire avancer un vélo, il faut de l’énergie, celle du pédaleur qui la puise lui-même ailleurs …

Il est cependant évident que le pire du pire est la voiture pour un usage individuel.

Voies de déplacement

Qui dit déplacement, dit chemin, rue ou route pour se déplacer, donc consommation de terrains(pdf) pour les créer ou les adapter à des usages de plus en plus intensifs, autant de moins pour l’agriculture , la biodiversité et le drainage des sols. Cette adaptation aux usages se fait grâce à un surfaçage que nous espérons durable, goudron + gravier, enrobé, pavés, etc. Tous ces revêtements représentent, eux aussi, à la fois une consommation de ressources minérales et d’énergie.

Impact climatique ou micro-climatique

S’implanter en bord de mer, en fond de vallée, en sommet de colline, au nord de la Seine ou au sud de la Garonne, en zone venteuse ou de brouillard a forcément des impacts divers.

Sur le chauffage

Chauffer, c’est apporter des calories en remplacement de celles qui auront été perdues. Il est évident que la limitation des fuites est possible, où que l’on se situe. Ce sera plus difficile pour certains types de bâtiments, selon leurs techniques constructives et/ou matériaux utilisés, idem où qu’ils se situent.

Par contre, si la zone géographique est très humide, tant par la présence d’eau dans ou sur le sol que dans l’air ambiant, il est évident que le confort y sera moins facilement accessible, il faudra probablement chauffer plus.

Qui dit chauffage, dit source de chaleur. Celle-ci peut nous être fournie naturellement et gratuitement par le soleil, donc sans impact économique ou écologique. Il faudra, pour en disposer, choisir un lieu propice à la captation du rayonnement solaire, donc bien exposé, sans écran naturel et hors zone à fort risque de brouillard.

Sur le rafraîchissement

Si le choix d’un bien très exposé au soleil peut présenter un avantage certain l’hiver, il pourra peut-être présenter un handicap majeur l’été.

Celui-ci sera compensable avec un puits canadien (aussi dit provençal) … mais, pour le réaliser, il faut au moins 2 conditions : 1) suffisamment de surface de terrain et 2) d’épaisseur de terre meuble. Réaliser un puits canadien sur du rocher peut le rendre non amortissable, ni sur le plan financier, ni sur celui des ressources utilisées lors de sa fabrication comparativement aux ressources économisées lors de son exploitation.

Sur la production de nourriture

Vouloir produire des salades, des tomates et autres légumes est un objectif plus que louable, mais est-il toujours atteignable ?

En théorie, oui, mais est-ce facile ? Dans des régions très chaudes, voir arides, ce sera assez délicat. Dans les régions froides, particulièrement lorsque le risque de gel nocturne perdure jusque dans les mois de mai ou juin, il ne sera guère possible d’espérer la récolte de fruits …

Impact sur la biodiversité

Choisir un lieu d’implantation n’est pas non plus anodin pour la biodiversité.

Elle peut être mise en péril ou préservée selon nos choix.

Maintenir en place des haies ou palissages réalisés à base de plantes non indigènes (par exemple des laurelles ou autres épicéas) souvent peu propices au développement d’autres espèces de plantes ou d’animaux indigènes, en contribuera l’affaiblissement .

Opter pour son changement par des espèces indigènes améliorera la situation.

Impact exposition

Les écrans naturels peuvent, en certaines régions, être des avantages alors même qu’ailleurs, ils seront des handicaps.

Sur la lumière

Il est de plus en plus reconnu que la lumière influence fortement notre mental et notre santé. Acheter une maison enchâssée dans les bois peut être attirant pour qui adore la nature, cherche le calme, mais quid de la lumière avec des frondaisons proches et plus hautes que la maison ? En montagne, choisir de s’implanter sur l’Adret, le versant bien exposé, apporte un réel plus par rapport à l’Ubac, forcément plus à l’ombre.

Sur le chauffage

Nous avons déjà abordé ce point ci-avant sous l’influence du climat ou d’un micro-climat.

On retrouvera ici les mêmes effets induits par d’autres raisons : comment espérer bénéficier du rayonnement solaire si la maison ou l’appartement sont à l’ombre?

Sur le rafraîchissement

Là encore, comment espérer bénéficier d’un habitat raisonnablement chaud l’été s’il est exposé plein sud, sans écran solaire possible, adossé à un rocher et sans terrain ou sur un sol rocheux ne permettant pas l’installation d’un puits canadien ?

Impact ressources

Les ressources peuvent être de nombreux ordres : matériaux, matériels, main d’œuvre, artisans …

Sur/pour le bâti

L’impact ressources sur ou pour le bâti est particulièrement vrai pour les habitats neufs. En terme d’impacts ces consommations pour les constructions neuves peuvent néanmoins être « limités » : il semble évident que, quiconque souhaite construire une maison en pisé, choisira une zone où la terre le permet et donc ne génèrera pas d’impact lié au transport, pas plus qu’à le transformation du matériau constructif…

Matériaux

Si les matériaux ciblés sont conventionnels, il faudra les acheter chez un négoce spécialisé. Il semble que, quelque soit le secteur géographique, il sera possible d’en trouver un relativement proche.
Par contre, si l’objectif, et bien sûr nous le conseillons, est de travailler avec des matériaux respectueux de l’environnement, il faudra, préalablement, se renseigner sur la proximité ou non d’un négoce orienté sur les matériaux “bios”.

Main d’œuvre

L’auto-construction d’un habitat neuf ou l’auto-rénovation d’un habitat ancien,imposent de se poser la question des savoir-faire. L’aide d’un proche sachant est souvent bienvenue. Il peut être important de prévoir l’implantation proche de ces sachants si précieux …

Savoir-faire

Si les travaux, tant de construction que de rénovation doivent être confiés à des artisans, il est important de se préoccuper de leur présence, de leur compétence et de leur disponibilité avant de décider de l’achat.

Dans certaines régions à forte pression sur l’immobilier, il sera probablement sage d’intégrer des délais supplémentaires pour la réalisation des travaux.

Besoins primaires

Nous avons tous besoins, pour vivre, d’eau, de nourriture, de chauffage et, si nous voulons respecter notre planète, vu notre pression liée à notre croissance en nombre et en émissions, de traiter nos effluents.

Eau

Nos besoins en eau sont divers selon nos arts de vivre.

Certains prennent une, voire deux douches par jour, d’autres beaucoup moins souvent, certains changent très souvent de vêtements, d’autres non, cependant tout le monde boit, fait un minimum la vaisselle et/ou la lessive.

Certains jardinent et arrosent, d’autres ont des animaux qui, eux-mêmes, boivent.
Pour ceux qui veulent beaucoup jardiner, avoir beaucoup d’animaux, faire le choix d’un bien disposant d’un puits semble sage.

Pour qui n’a pas de puits et veut quand même mener, partiellement ou en totalité ces actions de jardinage, élevage et autres, faire le choix d’un lieu propice au stockageciterne en autres, sera une bonne précaution pour collecter l’eau de pluie.

Par contre, quiconque veut boire de l’eau de son puits ou de l’eau récupérée devra soit la faire analyser, soit la filtrer de façon sérieuse.

Nourriture

Auto-produire sa nourriture, même partiellement, est surement une belle aspiration.

Nous avons déjà abordé ce sujet ci-avant sous l’aspect climat.

Il faut y ajouter une autre précaution : les pratiques agricoles proches.

Une zone, du fait de la nature de son sol et de son micro-climat, peut être largement utilisée à l’arboriculture, à la viticulture ou aux productions nécessitant beaucoup d’intrants chimiques; bien se renseigner sur les pratiques des exploitants, au moins pour les terrains les plus proches !

Il sera plus facile et beaucoup moins coûteux de le faire sur un terrain propice, à savoir un minimum plat, avec une bonne couche de terre arable de qualité. Si cette terre est un peu drainante pour éviter le risque de boue à la moindre averse et pas trop, pour éviter de devoir arroser en permanence, c’est encore mieux.

Si le terrain d’assiette est du style tas de caillou, il faudra peut-être envisager la construction ou l’intégration d’une serre. De plus en plus de constructions neuves intègrent ce concept, preuve de leur faisabilité, mais pour quel coût environnemental, financier ? Leur réalisation dans le cadre d’une maison Earthship est raisonnable, mais dans le cadre d’un habitat plus classique ? C’est beaucoup moins évident !

Énergie

Il est important de nous préparer à consommer moins d’énergie, ceci pour de multiples raisons, à commencer par les risques de pollution qui y sont liés mais aussi du fait que les énergies fossiles vont rapidement manquer et que nous ne pourrons jamais en produire suffisamment d’origine renouvelable.

L’énergie la plus universellement disponible est l’énergie solaire.

Nous avons déjà abordé ci-dessus la nécessité de veiller à une bonne exposition, toute l’année, il faut aussi veiller à ce que le toit soit bien orienté, avec une bonne pente. Une autre option consiste à choisir un terrain d’assiette lui aussi bien exposé et d’une surface suffisante pour y implanter, au sol, des panneaux, soit photovoltaïques, soit thermiques.

Assainissement

Nous produisons beaucoup d’effluents, à commencer par nos “eaux vannes” et “eaux grises”. A noter qu’il est possible d’en réduire les émissions, notamment d’eaux vannes, via des toilettes sèches. En ce qui concerne les eaux vannes, le plus simple, probablement pas le plus écologique, consiste à retenir une implantation en un lieu disposant d’un réseau de collecte (tout à l’égout). L’absence de cet équipement obligera à s’équiper d’un assainissement non collectif. Plusieurs options possibles vont de la fosse septique toutes eaux à la micro-station en passant par les installations dites à phytoépuration. Pour les implanter, il est nécessaire de disposer d’un terrain d’assiette suffisamment grand. Il sera possible de rejeter l’eau après assainissement dans un effluent permanent s’il y en a un proche, sinon il faudra prévoir une zone d’épandage, ce qui implique de disposer d’un terrain encore plus grand. Toutes ces solutions d’assainissement non collectif sont à réaliser après consultation du Service Public d’Assainissement Non Collectif (SPANC)

Financier

Rares sont ceux qui peuvent s’affranchir de ce volet.  Quel que soit le niveau des moyens financiers disponibles, la cible est souvent un peu plus haut !

Achat

Toutes choses égales par ailleurs, plus un bien immobilier est éloigné de tout centre d’attraction, culturel, commercial, d’emplois ou autres, moins il est cher.

Il peut donc être tentant, pour aller vers le bien le plus grand, le plus beau possible, avec le plus fort potentiel, dans une gamme déterminée de prix, d’opter pour le plus éloigné.

Si c’est vrai en lecture simple, un tel choix peut vite s’avérer coûteux, entre autres du fait des déplacements induits.

Les organismes de financement ne prennent que très peu en compte ces contraintes, c’est fort dommage à notre avis !

Exploitation

Voilà un critère général encore trés peu, trop peu, pris en considération. En effet, si on n’achète qu’une fois le même bien, il va générer des coûts d’exploitation aussi longtemps qu’il sera exploité.

Tous, hormis l’entretien, ont déjà été abordés ci-avant, pour rappel : déplacement, chauffage, rafraîchissement, matériaux, énergie, ressources en eau, production de nourriture …

Les coûts d’entretien, quant à eux, ne sont pas dépendants, ou très peu, du lieu d’implantation. Si une différence peut parfois être constatée, elle sera à l’avantage des zones éloignées et/ou de forte densité d’implantation d’habitats car les artisans y sont généralement moins chers

Evolution

En cas de revente ou de mise en location, que se passera-t-il ?

Si l’achat se fait à un coût moindre, les travaux, eux, seront de niveau financier presque identique. Seule la main d’œuvre coûtera moins cher, les matériaux seront, au mieux, au même prix, souvent un peu plus chers (frais de livraison).

Attendu qu’il y a moins de demande dans les zones faiblement recherchées (les plus éloignées), attendu qu’il est possible d’y trouver des biens à des prix très attractifs, il sera beaucoup plus difficile de revendre, a minima, au prix d’achat initial augmenté du coût des travaux réalisés, quant à une plus-value éventuelle, elles sera encore plus improbable.

Impact sociétal

A moins de vivre en ermite, hors tout contact avec la société, le lieu d’habitation choisi peut être déterminant sur nos rapports à l’autre.

Attachement à un groupe humain

La campagne peut être attirante. Si elle semble souvent assez vide, elle ne l’est pas. Des gens y vivent, souvent implantés là de longue, voire très longue date, avec leurs habitudes de vie, leurs coutumes, leurs amitiés et inimitiés, bref, leur propre vie.

Il n’est pas si évident de s’y intégrer, les centres d’intérêt n’y sont pas les mêmes, tout néo-rural sera, a minima, observé avant d’être accepté. C’est humain et normal.

Si ce néo-rural rejoint un groupe d’autres néo-ruraux, ce sera probablement plus facile; et les groupes de néo-ruraux sont, souvent, plutôt des groupes que nous qualifierons de néo-périurbains !

Partage, mise en commun, entraide

Vivre à la campagne, c’est vivre loin de toute source d’approvisionnement ou de réapprovisionnement, raisons pour lesquelles le partage, l’entraide, s’y pratiquent souvent … après intégration et acceptation du groupe humain préexistant à l’arrivée du néo-rural …

Vivre en péri-urbain, entouré d’autres péri-urbains, c’est savoir que ceux-ci sont probablement encore un peu urbains : on connaît mal son voisin, même proche. Ça s’arrange en général, mais cela demande du temps …

Autarcie, enfermement sur soi

Il est une tendance que nous voyons poindre : l’autarcie, elle-même parfois 1ers pas vers le survivalisme. Ces 2 tendances nous semblent difficile à soutenir tant elles sont contradictoires dans une organisation que nous souhaiterions plus participative avec son environnement social.

Conclusion

Nous posions cette question dès le début de cet article : “le choix d’implantation doit-il être lié principalement au niveau du prix ?”

Il semble évident que non suite au développement de cet article. Ce ne doit pas être le critère essentiel.

Ce devrait plutôt être, comme souvent, une approche globale, prenant en compte un maximum de points.

… Un bien plus modeste, plus en lien avec son environnement (économique et social)  mais moins impactant pour le futur ?

Crédit photo : GeoJango Maps Pixabay

Claude Lefrançois


Après 30 ans dans le bâtiment, ancien charpentier, ancien constructeur, ancien maître d’œuvre, formateur dans le bâtiment, expert en analyse des bâtis anciens avant travaux, auteur de nombreux articles et d’un livre “Maison écologique : construire ou rénover” aux Ed. Terre vivante, auteur de 2 ebooks disponibles sur mon blog, je suis désormais retraité.
Je mets mon temps disponible et ma liberté d’expression à votre service : j’observe et j’analyse, au besoin je dénonce ou émet des idées.
Bonne lecture.

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